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PILE OU FACE

DE BERNARD GROUSSET


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La pièce métallique tournoya longuement

dans l'atmosphère lourde, se perdant au sommet de sa trajectoire parabolique dans une semi-pénombre. Il faisait chaud, humide, et la stagnation de l'air retenait des relents désagréables. Mais Eric n'en était pas incommodé. Il avait eu le temps de s'y habituer. Enfermé dans cet endroit depuis bientôt six mois, il avait évolué en même temps qu'il s'était adapté à son environnement. Pour l'heure, sa principale activité consistait à jeter des pièces de monnaie en l'air, et à tenter de deviner de quel côté elles allaient retomber. En bref, il jouait à pile ou face !

Cela était maintenant pour lui plus qu'un jeu. En effet, il associait à chaque chute de pièce un événement à venir, qu'il tentait ainsi de prédire. Actuellement, le taux de réussite, qui statistiquement aurait dû être d'une chance sur deux, avoisinait le zéro pour cent !

Avec un soupir désabusé, il éloigna l'objet rond d'une chiquenaude qui l'envoya dans la pénombre. Un rire de gorge répondit à son geste de dépit. Il tourna la tête, et ses traits s'épanouirent dans un sourire heureux. Une femme magnifique se tenait derrière lui, vêtue simplement et principalement d'un mini bikini rose, qui la moulait savamment en ne cachant que le principal, c'est-à-dire l'extrême minimum !

Eric se leva d'un bond et se saisit à pleins bras de la pulpeuse créature. Il la serra contre lui, sentant ses seins fermes s'écraser contre sa poitrine nue. Lui aussi, dans la chaleur ambiante, était vêtu d'un slip de bain minimum, qui eut un mérite certain à tenter de contenir autant que possible une brutale érection. Sentant l'envie montante du jeune homme, la fille se tortilla pour se frotter contre lui, ce qui amena d'une part la capitulation du vêtement, d'autre part un gémissement de supplication des lèvres d'Eric.

Ses doigts fébriles détachèrent la ficelle du soutien-gorge, puis l'arrachèrent triomphalement pour le jeter au loin. Pendant ce temps, une main féminine et exploratrice s'insinuait entre leurs ventres pour saisir et masser le pénis durci. Leurs corps ne se séparèrent que le temps d'abandon des derniers remparts de tissus, puis la jeune femme, s'étendit sur le sol, écartant ses cuisses fermes pour permettre au jeune homme de s'installer confortablement.

Les ébats qui s'ensuivirent, maintenant multi-quotidiens, les laissèrent pantelants, essoufflés, mais satisfaits. L'orgasme avait été simultané pour les deux partenaires, comme à chaque fois. Ils étaient visiblement faits l'un pour l'autre.

– Vicky, je t'aime, susurra-t-il une fois encore. Tu es belle, je t'aime, je t'aime tellement !

Vicky ne répondit pas, se contentant d'un rire légèrement moqueur. Eric la regardait, l'admirait, suivant ses courbes somptueuses en se demandant, comme après chacun des actes d'amour, ce qu'il avait fait pour mériter pareil honneur. Comment une telle beauté était-elle tombée amoureuse de lui, petit bonhomme à peine sorti de l'adolescence, étudiant désargenté sans rien de remarquable ? Mais elle ! Elle ! Vicky était tout ce qu'Eric recherchait chez une femme. Physiquement, intellectuellement, elle représentait son idéal féminin. Depuis ses longs cheveux blonds, en passant par son esprit brillant qui s'intéressait aux mêmes sujets que lui-même, jusqu'à son corps sculptural parfait, il était pétrifié d'admiration. La poitrine haute et ferme, les fesses rondes sans être dodues, la taille fine, elle était digne de figurer, dans les poses lascives et suggestives qu'il aimait tant, sur les pages en couleur des revues les plus érotiques ! Et en plus elle allait, sans se faire aucunement prier, au devant de ses moindres désirs et phantasmes. Quelle chance inouïe de l'avoir rencontrée ! D'avoir accepté, pour une mince rémunération, de s'être prêté par jeu, tout d'abord, plus que par appât du gain ou soif de gloire, à cette expérience clinique.

Une expérience dont il avait initialement entendu parler par des copains étudiants, à la faculté des Sciences et de la Recherche où lui-même tentait désespérément de décrocher un diplôme, justification crédible d'années d'étude à motivation modérée. Une expérience qu'il s'était vu confirmée sur les panneaux réservés aux annonces pour étudiants. L'originalité de la demande avait fait qu'il s'était renseigné plus avant, et avait pu découvrir que l'expérience n'était pas aussi anodine qu'elle était définie au premier abord. Bien au contraire ! L'université recherchait en effet un certain nombre de volontaires, satisfaisant évidemment à certains critères, pour mener à bien un processus nouveau, défini conjointement par la section scientifique et par le centre hospitalier universitaire voisin, le tout chapeauté, et surtout financé par une agence gouvernementale quelconque, non précisée.

La définition primaire du projet était simple, voire simpliste ! En vue de vols spatiaux habités vers les planètes voisines de la Terre, en l'occurrence Vénus, mais surtout Mars, il s'avérait nécessaire de définir une science des comportements pour des personnes isolées, loin de leur milieu naturel, pendant un laps de temps important, pouvant aller jusqu'à plusieurs années. Des expériences similaires avaient évidemment eu lieu, soit dans l'espace pendant quelques mois, soit sous terre, mais à chaque fois, les cobayes connaissaient leur situation, et savaient qu'ils pouvaient éventuellement être secourus rapidement, et que dans tous les cas, la distance les séparant de leur foyer n'excédait pas la centaine de kilomètres. Inconsciemment, les sujets de ces expériences réagissaient donc différemment de ce qu'ils auraient dû, et leurs réactions n'étaient pas obligatoirement scientifiquement fiables.

Un processus fut donc mis en place, comportant un isolement définitif, dans lequel ils étaient censés être autonomes, et tributaires directement du fonctionnement correct des machines pour rester en vie. La nourriture, l'air, rien ne pourrait provenir de l'extérieur. Ils devaient se suffire à eux-mêmes, l'alternative étant une mort certaine. Mort virtuelle, bien évidemment, car le danger n'était que psychologique. La simulation n'en serait une que pour les scientifiques, auteurs du projet et spectateurs attentifs.

En revanche, ils seraient mis en situation réelle, ignorant qu'une simple porte les isolait de l'extérieur. Pour eux, ils seraient éloignés dans un endroit inaccessible, dans un lieu d'où seule une expédition lourde et longuement préparée pourrait les en sortir. Ils ignoraient que caméras, microphones, testeurs de toutes sortes ne leur autoriseraient pas la moindre parcelle d'intimité. Tout, depuis leur rythme cardiaque jusqu'à leur intonation vocale, du plus petit soupir au plus gros de leurs pets, tout, et le reste, serait épié, analysé, disséqué pour le bonheur des scientifiques, et peut-être la survie de futurs astronautes. Nourriture lyophilisée, eau recyclée, ils seraient autonomes, et leurs déchets retraités serait la seule source d'approvisionnement. Il était de plus question d'introduire de temps à autre quelque incident technique pour tester leurs facultés d'adaptation et de réaction.

De menus détails, tel le retard grandissant, lors de la communication vidéo quotidienne, entre questions et réponses, pour simuler de manière réaliste l'éloignement physique grandissant entre Terre et Vaisseau, étaient prévus !

Les volontaires demandés ne devaient avoir aucune contrainte familiale, être bien entendu disponibles pendant un minimum d'une année, et pouvoir être reçus à la multitude de tests qui sélectionneraient les candidats. La rémunération, quant à elle, était de l'ordre de celle d'un professeur agrégé de faculté. Ce n'était pas un pactole, juste un dédommagement intéressant pour des étudiants motivés par ailleurs beaucoup plus par la notoriété potentielle qui suivrait l'aboutissement de l'expérience.

Eric entendit plusieurs sons de cloches. L'année qui se terminait ne lui avait pas apporté les satisfactions espérées, ni du côté des diplômes, ni du côté sentimental, qui demeurait désespérément vide ! A part quelques relations épisodiques plus ou moins réussies avec des intellectuelles coincées, sa vie sexuelle se résumait à pas grand-chose.

Pendant un temps, le principe de l'expérience fit grand-bruit sur le campus. Ce fut le sujet de discussion préférée des soirées étudiantes enfumées. Puis le calme revint avec les premiers départs en vacances.

Un jour de cafard et de désillusions, Eric prit brusquement sa décision, et résolument, alla s'inscrire sur la liste des volontaires. Il savait que ses chances étaient des plus réduites. Plus aucune nouvelle ne lui parvint pendant les jours qui suivirent, et l'arrivée d'une convocation le surprit énormément. Il se présenta, rencontra nombre de ses semblables qui venaient dans le même but que lui. Il subit des batteries de tests de sélection, certains le rendant malade pendant des heures.

Il fut effaré par le nombre exceptionnel de tests psychologiques, psychiatriques, comportementaux, et il se sentit retourné comme un gant. On lui posa également nombre de questions sur ses réactions aux drogues, ses sensibilités, ses allergies. Sur ses motivations, son passé, son futur. Sur ses préférences alimentaires, vestimentaires, sexuelles. Rien de ce qui le concernait ne resta dans l'ombre. Epuisé, il faillit demander grâce, et son état final le laissa dans la certitude qu'il avait lamentablement échoué.

Pourtant, il fut convoqué une seconde fois, et le nombre de candidats restant se résumait à une poignée. A la troisième sélection, il ne restèrent que deux, et le choix des volontaires fut achevé. L'équipe était formée.

L'acolyte d'Eric était un petit bonhomme replet, du même âge que lui, qui s'appelait Daniel. Leurs motivations étaient les mêmes, leurs caractères complémentaires, et ils étaient censés pouvoir se supporter des mois sans s'entre-tuer. Pour cela, ainsi que pour d'autres occasions, des kyrielles de drogues étaient à leur disposition, certaines d'ailleurs expérimentales.

Car l'un des buts de l'expérience était leurs réactions à certains produits dont l'efficacité restait à démontrer, mais qui se révélaient indispensables pour les futurs explorateurs de l'espace. Garantis sans accoutumance ni effets secondaires !

Les choses allèrent très vite à partir de ce moment-là, et Eric et son comparse n'eurent que peu de temps pour régler leurs affaires. Le jour fatidique arriva, et ils s'allongèrent sur les couchettes du laboratoire qui devait les préparer. Les injections de divers produits les mirent dans une semi-hibernation, car ils devaient ignorer pendant combien de temps ils voyageraient.

Lorsqu'ils reprirent conscience, ils étaient dans un lieu sombre, indéfinissable, rappelant une caverne aux parois métalliques et incurvées, suffisamment haute pour empêcher de distinguer convenablement le plafond. La première communication vidéo leur expliqua les derniers détails, et la vie s'organisa, entre repos, repas, médicaments, rapports, détente, et analyses et injections diverses. Pourtant, rapidement, un détail titilla Eric. Quid sur le plan sexuel ? Devait-il faire abstinence forcée, ou bien les drogues inhibitrices l'aideraient-elles ? Et c'est là que survint la cerise sur le gâteau !

Se réveillant le lendemain, il découvrit l'un des aspects cachés de l'expérience, en l'occurrence deux personnages de sexe bien déterminé, et féminins. Ces apparitions lui expliquèrent qu'elles étaient elles aussi volontaires, mais que leur existence mutuelle avait été cachée à l'autre partie pendant les premiers jours. L'une d'elle, petite, boulotte, rappelait Daniel à Eric. Quant à l'autre ! Une déesse, possédant tout ce que demandait Eric ! Et il comprit rapidement qu'elle était prête à lui obéir au doigt et à l'œil, sans rechigner ni porter le moindre jugement sur ses désirs et besoins.

La seconde fille se comportait probablement de la même manière que Vicky, envers l'autre garçon, car ils ne se rencontraient plus que de loin en loin. Heureusement, car elle n'était pas du tout le genre d'Eric, et il n'aurait pas apprécié partage ou échange.

Tout se passa donc pour le mieux, sans accrochage, dans une vie commune à quatre, ou deux personnes seulement étaient ensemble de façon régulière. Mais il semblait que les expérimentateurs n'y trouvassent rien à dire, et le voyage virtuel continua. De temps à autre, pourtant, il semblait à Eric que sa santé se dégradait. Il avait des visions furtives, fugaces, qui ne cessaient et ne se dissipaient que lorsqu'il se concentrait suffisamment.

Vicky le comblait physiquement, même si la jeune femme avait des habitudes sexuelles un tant soit peu particulières. En effet, sa relation préférée était la sodomie, qui la satisfaisait pleinement, et Eric se plia de bon gré à cette exigence du côté pile. Malgré tout, parfois, pendant l'acte, le visage et le corps de la jeune femme devenaient flous, ses contours s'atténuaient pour évoluer vers une forme qu'Eric reconnaissait pour être celle de son colocataire Daniel. L'illusion ne durait cependant que quelques instants, et Eric s'abandonnait et explosait enfin dans le corps de sa bien-aimée !

Les semaines s'écoulèrent, puis les mois, sans incident notable hormis ceux prévus par l'expérience. Eric se sentait bien, si bien qu'il envisageait de plus en plus difficilement de retrouver le fade et désordonné monde extérieur. La seule consolation de cette nouvelle naissance annoncée serait la présence permanente et définitive de Vicky. La grotte utérine contenant les explorateurs lui suffisait, sa sécurité maternelle le comblait. Le fœtus ne désirait plus naître !

Pourtant la Terre se rapprochait régulièrement, et ils furent un jour priés de regagner leur couchette initiale, ainsi que d'absorber les drogues et médicaments d'oubli chargés de préparer l'étape finale. Vicky s'arracha difficilement à l'étreinte d'Eric, et elle fut remplacée par Daniel, qui s'étendit à ses côtés avec un sourire moqueur inconnu, inhabituel sur ses traits poupins. Puis tout devint noir !

Puis tout redevint blanc. De nouvelles odeurs, de nouvelles lumières, des sensations oubliées depuis longtemps. Trop longtemps. Eric écarta légèrement le cache protecteur qui épargnait à ses yeux un éblouissement brutal, et s'habitua à la lumière qui serait désormais la sienne. Dès qu'il eut reprit suffisamment conscence, il fut saisi, ausculté, questionné pendant des heures et des heures. Alors que la seule question importante pour lui était de revoir Vicky dès que possible.

Lorsqu'il en parla enfin, il découvrit une incompréhension, puis une gêne sur les visages des infirmières et médecins. Il fut subitement terrifié.

– Qu'y a-t-il ? Où est Vicky ? Que lui avez-vous fait ? Que s'est-il passé ? Dites-moi la vérité ! Je veux la voir !

Il n'obtint aucune réponse précise, ce qui l'effraya encore plus. Serait-il possible que la jeune femme n'ait pas supporté le retour ? Qu'elle ait été allergique à l'une ou l'autre de leurs foutues drogues ? Ou... Ou bien... Encore pire, est-ce qu'elle désirait ne plus le voir ? Il fut laissé dans une ignorance désastreuse pour son moral. Le personnel médical quitta enfin Eric, le laissa avec ses doutes et ses incertitudes après quelques mots ressemblant à des excuses ou des condoléances. Seule une forte dose de somnifère parvint à le plonger dans une inconscience profonde.

Le lendemain, en ouvrant les yeux, il découvrit, penché sur lui, un visage familier. Pas celui de Vicky, non, évidemment et malheureusement. Simplement Daniel, qui, lui était en pleine forme.

– Alors, mon chou, comment on va, aujourd'hui ?

– Salut, Daniel ! Mieux ! Plus reposé ! Et toi ?

– Bien, très bien ! Alors, c'est fini ! Enfin !

– Oui, c'est fini ! Mais j'étais si bien, là-bas ! Alors, dis-moi ! Je veux la vérité !

– Quelle vérité ?

– Vicky ! Où est-elle ? Que lui est-il arrivé ? Je veux savoir !

– Vicky ? Mais... Vicky, tu dis ?

– Eh bien oui, Vicky ! Tu vois quand même bien de qui je veux parler ?

– Vicky ! Oui, je vois, je vois. Alors ils avaient raison !

– Ils avaient raison ? Qui avait raison ? Qu'est-ce que tu racontes ?

– Les docteurs. Ce sont eux qui m'ont demandé de venir te voir. Je ne voulais pas le croire, mais...

– Daniel, je ne comprends rien à ce que tu racontes !

– Eric, Eric, écoutes-moi ! Vicky...

– Quoi, Vicky !

– Elle n'existe pas ! Elle n'a jamais existé ! Il n'y a pas de Vicky !

Pour le coup, Eric éclata d'un rire soulagé.

– Ouf ! J'ai eu peur qu'elle ne soit morte, ou qu'elle ne m'aime plus ! Mais qu'est-ce que c'est que cette connerie ! Il n'y a pas de Vicky ! Quel imbécile tu fais !

Daniel baissa les yeux et secoua la tête. Il était désespéré. C'était pire que ce qui avait été annoncé.

– Eric, ne... Je suis désolé ! Il faut que tu m'écoutes ! Que tu me croies !

– Pourquoi est-ce que tu te mets dans des états pareils ?

– Ta réaction n'était pas prévue ! Tu ne devais pas tomber amoureux de ce... de ce simulacre !

– Quel simulacre ? Je te parle d'une femme ! En chair et en os !

– Tais-toi ! Ecoute-moi, et, par pitié, crois-moi !

Eric laissa passer sur son visage un air de résignation. Il croisa les bras, et adossé à son oreiller relevé, il écouta l'histoire. Amusé au premier abord, ses traits se contractèrent, et un air de souffrance, puis de colère, déforma ensuite son attitude, au fur et à mesure que le récit avançait.

– Au début, tout était prévu. Même et surtout les pulsions sexuelles. Bien sûr, on aurait pu utiliser des produits dérivés du bromure, comme autrefois dans les casernes. Ou des poupées gonflables, pourquoi pas ? Mais il ne fallait pas agir sur nos facultés d'adaptation, de réflexion ou d'agressivité, ce que malheureusement faisaient tous les produits connus ! Sauf un ! Un mélange inédit de substances hallucinogènes et d'autres trucs aussi sympas ! La panacée, quoi ! Il suffisait de prendre des sujets ayant un profil psychologique particulier. Le tien ! Ou le mien ! Sexuellement complémentaires, mais sans le savoir consciemment ! Tu vois ce que je veux dire ?

Eric, malheureusement, commençait à apercevoir ! Et ce qu'il soupçonnait ne lui plaisait pas ! Mais alors pas du tout ! Daniel continuait.

– Ce qui n'était pas prévu, c'est ta réaction. Normalement, les sujets –nous–, savaient exactement ce qu'il en était. Pour moi, aucun problème. Pour toi, en revanche, ton métabolisme a intégré les faits réels comme bon lui semblait. Et il s'avère que tu as cru, ou fait semblant de croire, au rêve !

– Pourtant j'ai fait l'amour ! Avec quelqu'un de réel ! Tous les jours ! Si je ce n'est pas elle que j'ai baisée, qui était-ce ? Mon Dieu, non ! Non !! Noonn !!

Le cri d'horreur d'Eric s'éleva alors que Daniel avait un petit sourire entendu. Il réalisa alors que c'était la vérité, toute nue et entière ! Ce qui, avec le recul expliquait bien des choses.

– Ne t'en fais pas, c'était vraiment très agréable, ajouta Daniel en tendant la main pour caresser la joue de son partenaire. Encore que tu avais certaines exigences... Mais bon...

Eric se recula brutalement, sa tête venant heurter le mur derrière lui. Sa gorge s'ouvrit sur un gémissement de refus qui se transforma en un cri de folie.

Déconcerté, puis apeuré, Daniel se leva, et à reculons, sortit de la chambre en envoyant un baiser du bout des doigts à Eric, qui hurla de plus belle.

S'éloignant dans le couloir, il croisa plusieurs infirmières qui accouraient, accompagnées d'aides-soignants musclés qui préparaient une camisole de force.

Daniel se boucha les oreilles et se mit à pleurer.

 

 

 
 

 


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